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La fausse histoire de nos vraies vies
La fausse histoire de nos vraies vies
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7 août 2007

Fin de cycle ?

Il sera bientôt là. Je l’attends. Depuis des heures, depuis des années. Je n’ai cessé de penser à lui depuis tout ce temps, c’est comme si il faisait partie de moi, son souvenir, sa présence est telle que depuis 5 ans rares sont les fois ou je suis arrivé, pendant quelques minutes, quelques heures à l’oublier totalement, à oublier ce que je suis devenu par sa faute. Mais cette douce sensation ne durait jamais très longtemps, il revenait toujours. Son visage, ses mimiques, chaque parcelle de son être revenait me hanter nuit après nuit, aube après aube, jour après jour… Il a fait de moi ce que je suis, je lui dois tout, le bon comme le moins bon chez moi, et c’est pour ça qu’il doit payer. Bientôt, il franchira cette porte pour rejoindre sa voiture et je serais là. Ce soir, ça doit finir. Je regardai mon portable, espérant une réponse à un message que j’avai envoyé il y a plusieurs jours : pas de réponse. Tant pis, il ne sera pas là pour voir la chute finale de cette histoire, ça fait tellement longtemps qu’il a coupé tout contact… qu’est ce que je pouvais bien espérer ? Je pris le revolver sur mon siège passager parmi les restes du nécessaire qui m’avait permis de me faire un shoot une bonne demi heure auparavant, je l’inspectai une énième fois. Tout était bon : 6 balles. 6 balles pour un porc de son espèce, c’était à peine suffisant, un pistolet avec un chargeur à 15 coups aurait été mieux… Message de mon « traqueur » : « il arrive. Accompagné. » Plus on est de fous, plus on rit… GaelGaël, un mec qui avait une dette envers moi, était là en renfort. Il était tellement accro que pour à peine 20 grammes, il aurait été prêt à tuer père et mère. Ce n’était pas ce que je lui avai demandé, juste d’être là pour s’occuper d’éventuels gêneurs pendant que je réglai ma petite affaire personnelle… et en plus pour le même prix il m’avait fourni un « traqueur » (Aaron) et un conducteur (Karim) pour qu’ils puissent s’enfuir. Je fis un petit signe pour que Gaël puisse me voir et comprendre qu’il devait se tenir prêt, il sortit de la camionnette de Karim et se mit derrière un poteau en attente. Malgré ses longs cheveux gras et son air hagard au naturel, il avait l’air assez clean pour remplir la mission… Une longue sueur froide me parcourut : il allait bientôt être là. Je vérifia si le pansement à mon bras gauche avait tenu : ça commençait à couler un peu… Mes doigts tremblaient alors que j’essayai de m’en refaire un autre… ça pouvait aller… je pris de grandes inspirations… je zappai de plus en plus rapidement les musiques sur mon lecteur CD, aucune ne me convenait vraiment, aucune n’arrivait à me calmer, toutes ces musiques de mon passé…Pour ne pas oublier… La porte du parking souterrain s’ouvrit en grand : c’était lui ! Accompagné d’un homme, grand, longiligne, portant un long trench-coat que n’aurait pas renié Humphrey Bogart. Je ne sais pas qui il peut être… Aucune importance ! Gaël s’en chargerait.

Arrivés à la hauteur de ma voiture, j’en sortis et me dirigea à grand pas déterminés vers lui le plus discrètement possible. Mon canon était pointé vers sa tempe, je n’avais qu’à appuyer et ce serait fini… un Trench_coatrapide coup d’œil vers Gaël s’apprêtant à bondir sur l’Homme au trench-coat qui marchait légèrement en retrait. Tout se passait pour le mieux, je n’avais qu’à appuyer sur la détente. Alors que j’entamai ce mouvement, deux grosses déflagrations éclatèrent sur ma droite : l’Homme au trench-coat avait sorti un canon scié et venait d’allumer Gaël à bout portant. Le pauvre avait échoué sur le capot d’une voiture le ventre et la tête quasiment en bouillie. Je me tournai vers l’Homme au trench-coat et tira. Deux fois. Dans la poitrine. Il tomba, touché. Il fallait en finir, je me tournai à nouveau vers Mathieu pour le finir lui aussi avant que la situation ne puisse dégénérer. La rencontre avec son poing me projeta contre la camionnette de Karim, ce dernier comme seule action opta pour un repli et démarra à toute vitesse, je me pris son rétroviseur coté passager dans l’épaule droite et finit à genoux. Hébété je regardai à terre, ne comprenant plus pendant quelques secondes ou j’étais et ce que je faisais là… Je saignai, du nez surement, une douleur vive m’avait pris à cet endroit là, je restai fixé sur ces gouttes tombant lentement sur le béton jusqu’à ce que sa voix me fisse reprendre conscience :

«  Bonsoir Sébastian. Ça faisait longtemps… je savais que ma dernière visite à la maison t’avait quelque peu perturbé mais à ce point vraiment c’est on ne peut plus…surprenant ! »

                -Surprenant ?! Je ne fais que me mettre à ton niveau fils de pute… »

J’avais du mal à parler, mon épaule me faisait mal.

-Je ne me suis jamais drogué moi ! Ta mère avait raison, quand je l’ai vu, elle m’avait dit que tu n’allais vraiment pas bien… Je te croyais fort pourtant après tout ce que tu avais pu vivre… Mais bon, il faut croire que ce n’était qu’exagérations de parents enamourés de leur enfant…

-T’étais déjà parti quand elle l’a appris. Qu’est ce que tu racontes ?

-1 an après ma petite visite de courtoisie, quand t’as commencé à déconner au lycée avec toutes tes histoires de dealer à la con, elle a pris contact avec moi. Je venais d’apprendre ma mutation au Brésil. Je l’ai reçu et elle m’a tout raconté. Elle savait. Le hic, c’est que mes activités parallèles ont fait de moi un expert en contre interrogatoire et je crois que ce que je lui ai dit l’a légèrement bousculé dans ses convictions de jeune cadre dynamique et pleine d’assurance… C’est bien simple, nous nous sommes vus en octobre 2002, d’après ce que je sais elle a commencé à prendre des antidépresseurs dès novembre de la même année, son alcoolisme suivant de peu je pense, non ? Enfin, tu dois être le mieux placé pour savoir (alors qu’il parle, je viens de me rendre compte que mon flingue a glissé à mi chemin entre lui et moi), et le tout pour finir par se tailler les veines en juillet c’est ça ?

-19 aout 2003.

-Ah oui c’est vrai… Y’a pas à tortiller sur ce coup là j’ai assuré ! La trainée qui te sert de mère arrive, me balance tout à travers la gueule, se met à menacer de tout raconter à mon ex-femme, à ma fille, de salir ma réputation dans mon boulot et… à peine 5 minutes de monologue, et elle finit par se foutre en l’air toute seule sans rien avoir à rajouté… Alors ? Qu’est ce que t’en dit, j’assure ou j’assure ?

-Fils de pute… je vais te crever…

-Vraiment ? Tu parais peu en état de la faire… Bien que ce que tu as pu faire à l’homme qui m’accompagnait m’a impressionné… Je ne te croyais pas capable d’être de cette race là… Finalement à peu de choses près, on se ressemble toi et moi...

Un « va te faire foutre » bien senti accompagné de deux crachats pleins de sang fut ma réponse. Il me contemplait, fier et triomphant, ayant mis crânement les mains dans les poches de son beau pantalon de son beau costume à plusieurs centaines d’euros.

-Non, mais franchement qu’est ce que tu croyais ? Qu’avec tes magouilles à quatre balles, il te suffisait juste de recruter trois junkies en manque, parce que ne va surtout pas croire que j’ai pas repéré l’autre connard nous filant le train en haut, prendre quelques flingues au numéro de série effacé, et que comme ça t’allais pouvoir me flinguer ? Si tu savais qui était le mec que tu viens de plomber, tu flipperai déjà bien assez… Mais tu as d’autres soucis à l’heure actuelle crois moi… Parce que, malgré le respect que je dois à ton père, tu va déguster « frangin »…

Un bruit sourd vint interrompre sa mise en garde : c’était le corps de Gaël qui venait de glisser du capot de la voiture et qui était tombé à terre. Ce fut l’occasion rêvé : rassemblant toute ma haine emmagasiné depuis toutes ces années et toutes mes forces, je bondis jusqu’à lui, ramassant au passage mon flingue à terre. Je réussi à le surprendre, un coup de tête contre son nez le déstabilisa alors qu’il venait de m’empoigner. Il continuait à me serrer fort contre lui, j’arrêtai pas de lui donner des coups avec ma tête, il ne cédait pas, j’hurlai à tout va «  Fils de pute ! Je vais te crever ! ». Je réussi à pointer mon flingue contre lui, je me mis à presser la détente un nombre incalculable de fois, même quand les quatre dernières cartouches furent tirées, jusqu’à ce qu’il lâche son étreinte et qu’il s’effondre. Je restai la quelque secondes à l’observer, entrain d’agoniser, sa belle assurance avait disparu en même temps que son beau costume taché de sang. Puis une sirène très familière se fit entendre au loin. Ce n’était pas étonnant vu le nombre de coups de feu tirés dans ce parking souterrain depuis plusieurs minutes. Je m’apprêtai à rentrer dans ma voiture quand une douleur se fit ressentir dans mon dos. Je restai là cloué sur place, elle était vive, empirant de secondes en secondes. Je marchai encore quelques pas puis tomba en arrière, incapable de me tenir debout. Je porta la main à mon dos : du sang ! Tournant la tête, je vis Mathieu à quatre pattes tenant un couteau couvert de filets de sang noirâtre. Mon sang. A quelques mètres, à coté du corps de Gaël il y avait son flingue : un Smith et Wesson 686. Mon attention fut focalisée dessus, alors que j’essayai de ramper en sa direction, mais la douleur était trop importante, elle s’étendait à tout mon corps et chaque centimètre parcouru jusqu’à cet arme était un calvaire. Je ne sentais plus mes jambes, ni même mon ventre frotté par terre, je ne pouvais même plus utiliser mon bras droit : mon épaule avait du cédé suite à cette nouvelle chute. La douleur compressait mon crane, chaque souffle était accompagné de crachat, je n’arrivai même pas à empêcher le sang de couler de ma bouche. Derrière moi les râles de Mathieu se faisaient de plus en plus prononcés. Arrivé au Smith et Wesson, je l’empoignai et me retourna pour braquer Mathieu quiKurt_modif avait rampé pour pouvoir s’appuyer contre ma Jaguar. Il ne pouvait même plus bouger, son visage était déformé par la douleur, il était tout à moi. Difficilement, je tendis le bras gauche vers lui pour le mettre en joue, mais la douleur était trop vive. Je ne tiendrai jamais. Je sentais quelque chose s’enfuir de moi, coulé sur mon coté, le bas de mon dos était déjà tout trempé… pas besoin de savoir par quoi… Avant de crever il fallait que je me le fasse, avant de perdre connaissance, voire pire… Mais mon crane était comme entrain d’imploser, je ne pouvai plus rien faire. Une voix caverneuse parvint jusqu’à moi : « Vas-y ! Fais-moi plaisir. Mets fin à tout ça… ». Un instant de lucidité. Je vise son torse. Mon doigt glisse lentement sur la gâchette, et tout doucement je la presse. Je vais en finir… Une lumière m’éblouit. Quelqu’un braque une torche sur moi. Pas maintenant, il faut que je finisse, vous pourrez faire de moi ce que vous voulez mais il faut qu’il parte, qu’il sorte de ma vie…

-SEBASTIAN, arrête !

Lui ? C’est lui ! Depuis tout ce temps j’avai espéré qu’il vienne. Et il était là. Comme avant… Il me retira mon revolver des mains. Puis il me serra dans ses bras puissants, tendrement. Ma tête appuyé à l’abri contre son torse, j’éclatai en sanglots. Depuis le temps que je l’attendais… Il passa sa main dans mes Ash_modifcheveux en me murmurant des paroles réconfortantes, des paroles que Lui seul savait me donner. Tout ça n’avait plus aucune importance, son étreinte avait mis à bas toutes mes défenses. Toutes ces années passé à attendre ce moment, à attendre nos retrouvailles, juste Lui et moi.

« Ça va aller grand. Ne t’inquiète pas, tout est fini. ».

Sa voix chaude m’allait droit au cœur, ses bras étaient la forteresse que j’avai recherché depuis tant d’années, ma tête posé contre son torse oubliait tout… Tout ce qu’elle avait pu voir, entendre et pensé depuis 5 ans. A son contact, j’étais redevenu celui que j’étais avant… Puis des pas et des cris se firent entendre : nous étions revenus dans le monde. Un étranger avec une blouse blanche me sépara de Lui et se mit à m’inspecter en criant des mots que je parvenais même plus à comprendre. Mais Il restait là, à proximité, à me regarder, non Il ne comptait pas me quitter… Une silhouette qui m’était familière vint à ses colonel_fabiencotés. Le Colonel Fabien, un vieil ami de ma mère. Alors qu’on m’emmenait sur un brancard, il vint vers moi :

-Vincent nous a prévenus quand il a reçu ton message. Nous n’avons pu localiser Mathieu que trop tard. Mais rassure toi, Vincent m’a tout raconté. Nous allons récupérer Mathieu, l’éponger jusqu’à ce qu’il nous révèle tout ce qu’il sait, et je ferai en sorte que jusqu’à son dernier souffle son séjour en prison ne soit que tourments et douleur. Je m’occupe de tout. Pour toi…et pour ta mère. ».

Cette dernière parole eut l'air d'avoir pendant quelque secondes fait vaciller l'infranchissable façade du Colonel Fabien. Il repartit crier quelques ordres à la multitude d’hommes qui s’activaient dans le parking. Vincent se rapprocha de moi, il essuya le sang qui coulait sur mon visage, puis passa lentement sa main sur ma joue. «  Prends bien soin de toi grand. On se reverra bientôt ». Il déposa un baiser sur mon front et partit au loin vers la foule, vers les autres… Comme il y a 5 ans…

On ne retrouva pas le corps de l’Homme au trench-coat, mis à part quelques taches de sang et de fibres inexploitables. Mon implication dans cette affaire fut effacée grâce à la précieuse intervention du Colonel Fabien. Ce même Colonel Fabien avait tenu parole : A peine trois semaines après son entrée à Fresnes, Mathieu Metella fut retrouvé pendu dans sa cellule. L’enquête conclut à un accident. Vengeance était faite. Une nouvelle vie commençait…

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